samedi 2 avril 2011

Stage du Galop : the end





L'heure du bilan.
4 mois à vivre à leur côté, façon télé-réalité avec les pros qui ont comme mission de m'observer et de me noter.
Si vous voulez que Princesse quitte l'aventure du sinistre donjon, tapez 1. Si vous voulez qu'elle soit la grande gagnante du stage des Kycors, tapez 2.


Je t'ai fait un article qui te retranscrit un peu mon quotidien de ces quelques derniers mois. Malheureusement, je suis déçue du résultat ; j'aurais voulu te faire partager plus de choses, être plus "précise", mais c'est très difficile parce que ce sont des hommes, des femmes, des gens comme toi et moi, qui font des trucs marrants dans un contexte particulier.

C'est exactement comme quand on rit d'une connerie dans un contexte bien précis et qu'on le retranscrit quelques jours plus tard à quelqu'un d'autre. On dit :
oh putain, tu sais pas ce qui m'est arrivé l'autre jour ? et là, on rit déjà à l'avance, tellement c'était marrant le truc de l'autre jour. Et quand on finit de raconter le truc drôle à l'autre qui ne l'a pas vécu, on entendrait presque le petit "flop" tomber comme une grosse merde. L'autre, il peut pas rire, c'était trop contextuel comme histoire. C'est nul quoi.

Allez, juste pour le plaisir, quand même...
Il y a Sabine, trisomique perpétuellement dans sa bulle. Pour lui parler, je suis obligée de hurler son prénom sinon elle reste dans son trip, à rire très soudainement, puis à poser son pouce sur sa langue, puis à taper son poing contre son genoux, puis à reposer son pouce sur sa langue, puis à faire comme si elle remettait ses cheveux derrière ses oreilles, puis à jeter sa tête en arrière en faisant un immense O avec sa bouche, du genre "unbelievable cet oiseau sur cette branche !", puis à faire genre elle calcule un truc de loin avec son pouce et son index, puis à... SABINE, BORDEL DE BITE !!! Là, elle me regarde en coin, les bras coisés sur sa poitrine et répètera des "oui" rauques jusqu'à la fin de mon speech. Que ce soit "Sabine, tu vas prendre ta douche ?" ou bien "Sabine, penses-tu être une salope de sarkosiste ?", Sabine répond un "oui" rauque. Il n'y a que quand elle récure l'évier en inox de la salle à manger où elle se permet de dire de très clairs "attends !" ou "laisses !", parce que Sabine ne SUPPORTE PAS que les éviers ne soient pas nickels. Pareil pour sa crème de jour, elle vient vérifier 20 fois par jour que la crème est bien à sa place habituelle ; le reste du monde peut bien s'écrouler, c'est pas son problème, à Sabine.

Il y a Justine, autre trisommique, autre délire. Justine peut passer des heures à discuter le bout de gras sur son portable fictif. Je ne sais pas ce que les gens de sa tête lui répondent, mais ils ont l'air de sacrément être bidonnant, parce que Justine, elle se marre bien, quand elle téléphone pour du faux. L'avantage, c'est qu'elle cause et qu'on comprend la conversation.
Pas comme Loïc, qui se fout clairement de ma gueule quand je lui brosse les dents et que je fais une gueule pas possible devant lui.
"Vas y, ouvres grand."
Il ouvre la bouche et se bidonne parce que moi aussi, du coup, j'ai la bouche grande ouverte.
"OK, maintenant, fais ça."
Je serre les dents et retrousse mes lèvres et je dois avoir l'air très très con, ce qui ne manque pas de lui échapper. Là, je bénis Dieu de lui avoir retiré la parole et de ne pas pouvoir, par conséquent, raconter ça aux autres...

Il y a aussi Claude, qui a énormément de mal à s'exprimer sans hurler comme un damné et postilloner une pluie de restes de repas.
 

Claude : BONJOU' PRINCESSE, BONJOU' !!!!
Princesse : Bonjour Claude.
Claude : ON ON ON S'EST PAS VUS AUJOU'DHUI !
Princesse : Non, c'est vrai, on s'est pas vus. Ca va ?
Claude : Oui, oui, ça va oui.
Ca y est, il se désintéresse de ma personne. Pas marrant de causer à quelqu'un qui te force inconsciemment à baisser la voix, même si c'est pour le bienfait des oreilles
(et de la propreté des fringues) de tout le monde.

Ou tiens, il y a encore Annette, celle qui me compare TOUS LES JOURS à Sophie Marceau. Les dialogues avec elle sont parfois déroutants. Avec sa voix haut perchée :
 

Annette : Oh tiens bonjour toi !
Princesse : Bonjour Annette. Tu vas bien ?
Annette : J'ai vu Bruno tu sais, hier, ou avant-hier, je sais plus.
Princesse : Non, je ne pense pas que tu ais vu Bruno, Annette. (Elle n'a pas vu le-dit Bruno depuis genre 10 ans)
Annette : Ah non ? non, je ne l'ai pas vu.
Princesse : ...
Annette : On va danser tu sais ?
Princesse : Où ?
Annette : Oh ben je ne sais pas moi ! Tu poses de ces questions toi ! Ahahah ! Bon, il est pas arrivé mon taxi ?
Princesse : Non, ton taxi arrive en fin de journée, Annette. 
Annette : Ah oui, c'est vrai. Eh, vaut mieux en rire hein !
Princesse : Euh, oui oui, sûrement.
Là, son regard croise un miroir. Elle se poque devant, droite comme un i, sourit brusquement à son reflet, s'en va, revient, refait le même truc du sourire, repart, revient, repart, revient, se souvient que je suis derrière elle, se retourne et
"Oh tiens ! Bonjour toi ! Il est pas arrivé mon taxi ?"
Merveilleuse.

Et puis, il y a tous ceux qui ont une haleine à tomber dans les vapes, mais qui s'acharnent à te parler à 5 cm du nez. Ceux qui ont des problèmes de transit, et dont je te fais grâce des détails scatologiques, ceux qui sont d'une politesse exacerbée
("vas y, passe Princesse, passe, j'te laisse passer, voilà, merci Princesse, merci hein" - je rappelle juste que c'est ELLE qui m'a laissée passer), ceux qui aiment taquiner les pros en leur balançant leur bras de 20 kilos dans les dents, comme ça, pour jouer quoi, ceux qui se frottent discrètement l'entrejambe et viennent te faire un câlin après....
Et tous ces petits bruits du quotidien ; les pièces de monnaie qui dégringolent en pluie fine d'une main à l'autre, le frappement sourd et régulier d'une tête contre un mur, le rot qui n'a pas été retenu, le son lointain d'un Johnny écouté dans une chambre, un éternuement et un autre qui éclate de rire, des discussions improbables qu'eux seuls comprennent.

Je me suis permis d'écrire tout ça, parce que ce que je retiendrai le plus de ce stage, finalement, ce sont les rires qui raisonnent entre les murs. Pas tout le temps, pas même tous les jours, mais des rires, souvent, il faut le reconnaitre. Des sourires, des cris, des larmes, des doutes, des espoirs, de la complicité, du bonheur et de la souffrance. Leur quotidien. Notre quotidien aussi, je crois.

2 commentaires:

g. a dit…

Ah!! Les sacrés quoi!!!

Princesse a dit…

Lol quoi !