mardi 22 novembre 2011

La journée du gros caca qui pue # 2

("Non, non, ne me tourne pas, je suis un petit 
verrou qui ne tourne pas. Je suis décédé.")


On est lundi, il est 11h du matin, je suis censée être avec mes Gétrans et pourtant je suis au fond de mon lit. J'ai pleuré une partie de la nuit, parce que fatiguée, parce que plus envie d'y aller, parce que épuisée de faire des aller-retours permanents entre ici et là-bas, parce que envie de rester couchée la tête sous ma couette jusqu'à ce que je décède (ou que j'ai envie de pisser, plus probable)

Joker est partie bosser, je reste allongée, hébétée, dans mon lit. Je ne veux rien faire. 

Joker rentre et je me lève. Il est midi. Elle me tend une feuille des impôts : taxe d'habitation. 950 euros. Je ris, presque, tellement je me dis qu'on est dans la merde. Elle ne rit pas. 

Je pars chez le médecin. J'ai envie de pleurer. Parce que je me sens nulle, parce que j'ai pas de fièvre ni de maux de gorge, parce que je culpabilise de pas être en stage, parce que je sais pas quoi lui dire, parce que je suis moche. 

Il est 16h, j'entre dans le cabinet. Elle me dit :
- Alors, qu'est-ce qui va pas ?...... ou bien qu'est-ce qui va bien d'ailleurs ! On a toujours tendance à oublier ce qui va bien.
- En même temps, quand on va chez le médecin, c'est rarement parce qu'on pète le feu. 
- Ah si parfois. Pour une bonne nouvelle, par exemple.
- Genre être enceinte ?
- Genre.
Je fonds en larmes. 
Je viens de me trouver un symptôme, une raison suffisante pour être là : je n'arrête pas de pleurer.
Je lui dis tout ce que j'ai retenu pendant plus d'un an, je vomis ma fatigue, ma déception, ma trouille, ma nullité. 

Elle me répond qu'elle n'a pas de solutions, mais que moi non plus je n'ai pas de solutions. Malheureusement, il faudra prendre son mal en patience. 
Elle me propose un arrêt de travail d'une semaine complète. Je refuse. Je demande 2 jours. Elle me dit que ce n'est pas assez. Je réponds que j'ai un rendez-vous mercredi que je ne peux pas louper. En le disant, je me maudis plus que jamais. Comme si c'était important, ce rendez-vous..... 
Elle me met un arrêt de 2 jours. Ca me donne envie de pleurer. Elle me dit qu'elle me comprend, qu'elle était pareil quand elle faisait son internat. 

Elle me dit en partant, pendant que, honteuse et misérable j'essuyais des larmes sur mes joues, que je suis bien dans ma peau, par rapport à "avant". Ca me fait rire un peu, et je réponds que oui, même si on dirait pas là, comme ça. Elle me dit que ça va aller. 

Je repars vers chez moi. Je mets la clé dans la serrure, je tourne la clé qui se casse dans la serrure. Je regarde le bout de clé qui reste dans ma main et j'ai envie de mourir. Je m'assois sur les marches de mon immeuble et je sanglote comme un bébé, prêt de mon appartement inaccessible. Je me sens seule. 

J'appelle Joker, qui ne répond pas. J'appelle ma mère, qui décroche et s'affole. Ca va pas ? Si, ça va. Je pleure. Non, ça va pas. Non.
On parle pendant une heure. Je ne pleure plus. Ma mère est un antidépresseur. 

J'ai envie de pisser. Vraiment envie. Et j'en ai marre de me tortiller au beau milieu de mon quartier, devant les fenêtres de ma centaine de voisins. Je sonne chez les retraités d'en face. Je leur demande si je peux utiliser leurs toilettes, parce que je suis à la porte de chez moi. 

L'homme, qui visiblement n'a pas été sollicité depuis un quart de siècle et tomberait presque en léthargie depuis, saute sur cette occasion inespérée de se sentir utile. C'est armé d'une pince à épiler, de deux tournevis, d'un marteau, d'une épingle et d'une lampe de poche qu'il se met à détruire ma serrure. Je le regarde faire, comme sa femme. Je me dis juste qu'un serrurier serait plus approprié mais ça m'évite de rester seule à maugréer dans mon coin. 

Joker est injoignable. Evidemment. 18h30, elle finit par arrivée et me dit qu'elle vient d'entendre mon message. Elle appelle un serrurier, puisque ça fait une bonne heure maintenant que je n'ai plus de batterie. Elle grince des dents en voyant l'état de notre serrure, que notre bon samaritain de voisin s'évertue à achever. 

Une demi-heure plus tard, un brave type arrive et, en trois coups de ponceuse, ouvre notre sésame. On peut rentrer. Le voisin est resté surveiller que le serrurier n'allait pas nous faire payer le tarif nuit. Il titille le serrurier qui n'a aucunement l'intention de nous faire raquer plus que nécessaire. C'est 73 euros, point final. J'ai encore envie de rire, alors que ce n'est pas drôle. 

Comme c'est son anniversaire, le voisin retourne chez lui. Je me dis que demain, j'irai lui acheter un petit porte-clé qui fait de la lumière, histoire d'entretenir de bons rapports. Et puis je me dis que c'est très américain, comme façon de penser. Et puis je me dis que non, c'est juste gentil. Et puis je me dis que c'est juste pour qu'on m'aime bien, que je veux faire ça. Et puis je me dis que je verrai, putain, je vais pas me prendre la tête avec ça maintenant. 

Et puis on est rentré chez nous et la soirée s'est bien passée. 

4 commentaires:

Sista qui te love a dit…

Tssss, tu fais vraiment une montagne d'un rien...
Kik sista yo, la tune qu'on nous prend pour des trucs cons ça fout les boules, I know that <3
Tu n'es point moche et conne, juste fatiguée. Et quand on est fatigué, on fait, dit, n'importe quoi et c'est normal.
Je vais aller lui kicker le nez moi à ta Lorie et ton stage sera trop cool après, tu verras ^^
En tout cas, you can call me when you want.
Love ya

Princesse a dit…

Merci sista.

S. Signorait a dit…

AAHAHAHAHAHAH...Ah ah ah... Hum. C'était drôle à lire, je te jure. Dans ces moments là je fais pire que toi: je mets TF1 ou M6 je me vautre dans des films de merde, je geins comme une vache espagnole (ndlr), j'appelle mes amis pour leur dire que ma vie est finie et que adieu. Là, c'est le moment où j'attends, y'a deux trois personnes qui débarquent et qui se foutent de ma gueule, me sortent de ma merd' et m'imposent une terrasse. Ca marche bien.

Princesse a dit…

Bah, j'ai pas d'amis, en fait.
...
...
Mais j'ai un chien.