vendredi 18 novembre 2011

Madame Dieutoupuissant et Madame Damart

Oyé oyé plèbe. 

Comme je te l'avais dit dernièrement, je vais te conter quelques anecdotes lolilantes de mon stage de secrétariat


Le petit bémol que je vais faire ce jour, c'est que pour avoir des anecdotes, il faut voir des gens. Plein de gens. Mais, dans mon stage de secrétariat, je vois à 70% les collègues et à 25% l'ordinateur. Et je fais principalement des tableaux Excel et je passe des coups de téléphone pour prendre des rendez-vous médicaux et je remplis des milliards de dossiers HLM / CPAM / Sécu / CAF. Un petit bonheur quotidien. 
(D'où que j'oublie progressivement que je suis censée être éduc avec les Gétrans, et non leur secrétaire personnelle.)


Je vais donc tenter de m'attacher aux 5% restants et te raconter un peu ma conversation théologique avec Madame Dieutoupuissant, et ma rencontre avec Madame Damart, en attendant de pouvoir te fournir de plus amples anecdotes lolilolantes. 



Madame Dieutoupuissant 

Tu te souviens, du jour où tous les collègues se sont engueulés comme des cerfs en rut ? Bon. Quelques heures après, celui qui s'était fâché en faisant plein de bruit avec ses feuilles avait rendez-vous pour un entretien avec Madame Dieutoupuissant. J'avais décidé d'assister à l'entretien, sachant que j'allais pas mal l'accompagner dans toutes ces petites joies administratives que sont la CAF, Pole Emploi and co. 
Au bout d'un quart d'heure d'entretien, mon collègue sort du bureau, originellement pour aller faire des photocopies. Pas forcément super à l'aise avec cette Madame Dieutoupuissant que je ne connais pas, j'essaie quand même de bavasser un peu. J'en profite, elle cause français, elle ! 
On papote de choses plus futiles les unes que les autres, elle me parle de ses gosses, je souris souvent pour faire genre je suis super décontract et voilà voilà.... un silence s'installe, c'était inévitable. L'autre ne revient pas. Je dis à Madame Dieutoupuissant qu'il ne va pas tarder...enfin je pense.... j'espère.... 

L'autre stagiaire passe sa tête par la porte et me dit : 
- Bon ben bonne soirée, j'y vais moi !
- Ouais bonne soirée à toi aussi. Dis t'as pas vu le collègue ? 
- Si, je l'ai vu ; il cause avec Lorie. 
- Pardon ?
- Ben ouais. Pourquoi ? Il est en entretien là ?
- Euh... oui ! Avec Madame Dieutoupuissant.
- Oh pardon, bonjour Madame Dieutoupuissant !
- Bonjoul !
- Nan mais tu ris là ! Il compte ramener son boule ou quoi ??? On va pas attendre six plombes quand même ! 
- Ben, apparemment, ils reparlent du clash de ce matin...
- Putain...

L'autre stagiaire se barre, je regarde Madame Dieutoupuissant qui me regarde en retour et qui hausse les épaules. Je tapote des doigts sur la table, et puis j'arrête parce que ça fait très nerveux, comme geste. 
- Tu sais, tu devlais pas dile autant de glossièletés. 
- Ahah ! J'en dis ?
- Mais oui ! Tu dis putain, melde, je l'entends, tu sais ! 
- Bon, promis, je ferai attention la prochaine fois.
- Mes filles, je les laisse pas dile des glos mots, palce que, tu sais, dieu, il nous legalde, et il sait. 
- (Je lève les yeux aux plafonds) Où ?
- (Elle fronce les sourcils) Tu ne devlais pas plaisanter avec Dieu. Moi, je plis tous les jouls, et mes filles aussi, et, clois-moi, ça m'aide beaucoup. 
- .... Tant mieux alors....
- Tu clois en Dieu ?
- (mayday mayday) Moi ?
- Oui toi !
- (MAYDAY MAYDAY) Euh.... (vérité ? mensonge ? vérité ? mensonge ? véri..) non. 
- (regard absolument interloqué) Quoi ? Tu ne clois PAS en dieu ? Mais, mais, qui ? Qui est-ce qui t'a faite ?
- Eh bien, le monsieur met la petite graine dans le ventre de la dame et...
- (les sourcils froncés descendent presque sur les narines) Allête ! Ce n'est PAS vlai. C'est Dieu qui t'a cléée ! Il FAUT que tu pries tous les jouls, ah oui. 
- (tentative de ton badin) Et vous êtes.... catholique, Madame Dieutoupuissant ?
- (regard atterré, limite je suis heureuse qu'elle n'ait pas un objet contondant dans la main) Plotestante ! Mais oui ! Bien sûl !
- Ah oui, pardon. Pourquoi pas. 
- Je vais te l'amener ma Bible, et tu complendlas tout. Tu plielas toi aussi et tu selas bonne. 
- (lui dire en déconnant que ma copine me trouve déjà bonne ?) Nan mais écoutez, Madame Dieutoupuissant, en France, on est libre de croire ou de ne pas croire, et si l'on croit, on est libre de croire en ce que l'on veut. Vous comprenez ? Personne ne peut vous obliger, en principe, à pratiquer ou non une religion. C'est la liberté. 
- ...
- (pas peu fière de mon petit sermon discours) ...
- Mais tu me complends pas ! Moi, Dieu, il m'a sauvée ! J'ai plié et il a entendu mes plièles ! Il est venu une nuit, et il m'a dit : c'est bon. Ca va. Ma mèle, qui est molte, m'est apparue et m'a dit : c'est bon. Dieu est là et il t'entend. 
- (se sentant tel le lapin dans les phares d'une voiture qui ne serait pas une VW) D'accord. C'est bien que.... enfin, si ça vous aide.... enfin voilà quoi. 
- Pardon pardon !!! J'ai mis beaucoup de temps, je suis DE-SO-LE. Bon, ça va, je ne vous ai pas trop fait attendre, Madame Dieutoupuissant.
- Nnnoonnn ! On discutait ! (petit clin d'oeil à mon attention) Et la plochaine fois, je t'appoltes ma Bible. 
- Ne vous prenez pas cette peine, vraiment. Croyez-moi, je ne la lirai pas. Je respecte infiniment votre croyance, respectez mon point de vue. 

Elle a ri. Et elle n'a jamais amené sa Bible. Elle me fait la bise chaque fois qu'elle me voit et on plaisante toujours sur plein de trucs mais on ne parle plus jamais de la religion. 
Et, même si je n'ai absolument pas changé d'avis sur la question, je maintiens que croire en une puissance supérieure peut être un putain (pardon Madame Dieutoupuissant) de réconfort quand on traverse des événements abominables dans sa vie. 


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Madame Damart

Lorie avait convoqué Monsieur Supersport (le mari de Madame Damart) et sa femme pour un entretien, histoire de faire un peu le bilan de leur situation. Ce joyeux couple caucasien a eu la bonne idée de ramener leur boule avec le petit dernier qui a pour passion de détruire tout ce qui effleure sa main. 

L'entretien commence. Je tente d'écouter ce qui se raconte, tout en gardant un oeil sur le petit qui trouve fascinants les ciseaux aiguisés à la perfection de Lorie. Visiblement, sa capacité à tenir fermement un objet n'est pas totalement aboutie et les ciseaux manquent plusieurs fois de tomber et de s'enfoncer dans son oeil / son pied / mon pied. Je jette des coups d'oeil à la daronne qui regarde sa progéniture avec un air attendri, c'est émouvant. 

Le chérubin finit par lancer les ciseaux par-dessus son épaule, manquant de peu l'épaule de son papa, pour tenter d'attraper une horreur de sculpture en terre cuite de 14 bons kilos posée en hauteur sur le bureau (une sorte de vache grise permettant de poser des stylos en équilibre précaire) (je soupçonne que Lorie l'ait construite elle-même pour une fête des mères quelconques)(après vérification, non, c'est juste que Lorie adore cette sculpture, qu'elle trouve jolie parce qu'elle adore les vaches)(comme Jean-Mimi). Le petit, sur la pointe des pieds, le visage contracté sous l'effort, fait glisser la sculpture avec ses tout petits doigts. Fascinée par le spectacle, j'attends le moment où la sculpture va basculer, casser quelques os et faire pleurer de détresse Lorie. Finalement, à une poignée de secondes du dénouement, Monsieur Supersport a rattrapé la sculpture, l'a remise en place et a superbement ignoré son héritier qui commençait à s'attaquer aux fils de l'ordinateur. C'est là que Madame Damart a intercepté son fils, l'a pris dans ses bras et a dégainé son sein en guise de Valium pour son (très) grand bébé. 

Mais revenons-en à Madame Damart. Pourquoi l'ai-je ainsi surnommée ? Parce que quand je l'ai vue, je me suis demandée si elle n'était pas sponsorisée par la marque ; une longue jupe marron sur des chaussures que Cosette trouverait modestes, un chemisier beige fermé jusqu'au cou, sous un gilet beige. Madame Damart, pour des raisons culturelles, ajoute une autre petite touche de beige avec un fichu sur la tête recouvrant ses longs cheveux noirs (elle ferme mal son fichu, on voit bien qu'ils sont longs)(d'ailleurs, j'ai pas voulu me mêler m'enfin ça vaudrait bien une petite lapidation, ça). De cette femme, on ne voit que le (sublime) visage et les mains. 
Cette femme a 25 ans. 

Tu vois, je vais te dire un truc : je sais pas si c'est parce qu'elle a quasiment mon âge et qu'on n'a des vies diamétralement opposées, mais Madame Damart m'est extrêmement sympathique. Et même, je donnerai cher pour passer une moment avec elle, qu'on cause la même langue et qu'elle me raconte sa vie. Qu'on compare nos vies. Qu'on refasse le monde, avec nos regards tout aussi diamétralement opposés. 
Pour l'heure, elle allaite son troisième enfant, en acquiesçant à tout ce que dit son mari, tandis que je prends des notes dans un carnet qui me servira à rendre des écrits professionnels, en pensant à ma copine. 



Réflexion faite, elles sont bof lolilantes, mes anecdotes. Merde, mes Kycors étaient quand même plus rigolos....

7 commentaires:

sista a dit…

Plus drôles les kycor, plus drôles, sauf ptet celui qui a défoncé une de tes collègues nan ?!
J'ai explosé de rire pour le " bonjoul", n'ayant pas vu que tout le dialogue était comme ça par la suite. En tout cas, tu fais super bien l'accent par écrit !
Aussi bien que moi avec le " haha, je crois que hahaha, je suis un petit peu amoureux de l'amour hahahahaha " ^^

Courage sista, courage ! Lis la bible si ça va pas. Ou Nietzsche:)

Princesse a dit…

C'est vrai qu'autant, à l'oral, je tiens bien Alexis, autant c'est toi qui gère à l'écrit.

Mais tu as une putain d'idée là..... Lorie connaissant cette histoire, si j'affiche clairement que je lis la Bible protestante, tu crois qu'elle comprendra la message ?

Et pour ma capacité à retranscrire un accent, je ne te cache pas que j'ai simplement remplacé les r par des l, ce qui ne demandait pas une imagination débordante !

Hano a dit…

Je confirme, tu fais bien l'accent par écrit, j'ai bien rigolé, merci!

Princesse a dit…

De lien. Mais toi, clois tu en Dieu qui te legalde ?

Hano a dit…

Moi ji clois en ci qui ji vois, et ci dijà pas mal ;)

Princesse a dit…

Je reformule donc (au regard de ton nouvel accent) : crois-tu en Allah ? :D

Hano a dit…

Euh, comment dire.... Non :)
Ni en lui, ni en ses copains!