samedi 29 octobre 2011

Khada-fi est mort.

Tu trouves pas ça étonnant, toi, que le titre de mon dernier message sur mon stage ait nommé le président libyen et que paf, quelques jours plus tard, il meurt ? 
Je pense qu'il y a une sorte de signe cosmique ; un truc chelou genre, en cette période d'Halloween, ce blog serait une sorte de poupée vaudoo, tu vois ? 


Pire encore ! Il meurt, et soudain, dans ma vie, c'est une guerre civile. 

Je t'explique. Je t'avais dit qu'au boulot, c'était supra coolos, que les gens étaient supra sympathoches et que je le sentais supra tout court, ce stage ? Bon. 
Et puis, le président libyen a crevé. 
Et mon stage s'est transformé. 

Petite réunion d'équipe à 11h, histoire que je bave sur ce que ma formidable école attend de moi pendant ces 4 mois. Histoire que tout le monde sache à quoi s'attendre, histoire que tout le monde réfléchisse quel Gétran ils peuvent m'envoyer dans les pattes. 

Avant que j'ouvre ma bouche pour déblatérer tout ça, on fait un point sur les congés. L'autre stagiaire et moi attendons bien sagement que les plannings soient en harmonie, et nous écoutons donc la conversation suivante : 
- Dis, toi c'est le 24 que tu as posé non ?
- Quelqu'un a posé sa semaine 47 en congés annuels ?
- Oui, moi ! N'oublies pas que Samantha a posé la 48.
- Eh, t'as bien posé le 24 hein ?
- La 48 ??? Ah ben tu fais bien de me dire, je savais pas. 
- Lol. Nan ben à chaque fois c'est le bordel, tu sais bien...
- T'AS POSE TON 24 OUI OU NON ????!!!
- On parle de congés ANNUELS, putain ! Là, tu parles de congés TRIMESTRIELS, suis un peu, merde !
- Ah pardon.... 
- Bon, et pour les congés trimestriels alors ?
- Ben je crois que tu avais posé le 24 non ?
- Oui, oui, OUIIIII j'avais posé le 24 rrrhhhhaaaaa !!!
- Toute la semaine ?
- Mais putain mais ça fait 5 ans que c'est JAMAIS une semaine complète, les congés trimestriels !!!
Petit moment de flottement autour de la table. 
Soudain, Il tape le plat de sa main sur la table et se met à hurler qu'il en a ras le bol de Ses sous-entendus nauséabonds, que c'est très fourbe, cette agressivité latente mais permanente, qu'il ne supporte plus ça, et Il bouge beaucoup les mains au-dessus de sa tête, classe des papiers violemment (et à mon avis, Il ne savait pas vraiment ce qu'il classait), pour finir par se prendre la tête entre les mains.

Les autres en face le regardent, ne bronchent pas puis, c'est le couperet : 
- Tu entends l'agressivité avec laquelle tu nous parles ? J'en parle au chef de service dès demain. 
Puis, l'ensemble de l'équipe se tourne vers moi : 
- Alors, ces attendus de stage, Princesse ?

Ahah, ahah, je suis TRES à mon aise, attendez, je vais chercher mon nez de clown et mes confettis et je reviens. 


Après ça, j'ai bien ouvert mes écoutilles, et je me suis rendue compte que pas grand monde pouvait se blairer, là-dedans. Ca casse du sucre sur le dos des uns des autres toute la journée ; absolument adorable, l'ambiance. Tout ce que j'aime. Encore plus quand on me demande ce que j'en pense. 

Et puis, j'ai un autre problème. Un problème qui ME semble plus important que leur disputes de cours de récré : je m'emmerde profondément. 

Retour sur ma semaine : 

Lundi / mardi : personne n'a de visite à domicile ni d'entretien, tout le monde a le nez dans la paperasse. Je suis censée OBSERVER les pros en action sur le terrain. Sauf que regarder pendant 2 jours des gens appeler une entreprise d'électricité qui viendra réparer le disjoncteur de M et Mme Saypoulounov, puis appeler le médecin généraliste pour un rdv pour le petit de 3 ans qui a chopé la varicelle, puis remplir une feuille de soins pour le remboursement de la Sécu, puis.....
Pendant 2 jours, je me suis donc enfermée dans un bureau, pour tenter de trouver de quoi combler mes 8 heures de boulot quotidiennes, et à avoir envie de pleurer très fort. 

Mercredi : le matin, j'ai papoté avec Lorie, je lui ai un peu dit que je me faisais un peu chier (je prends mes gants parce que des fois, elle me fait un peu peur, Lorie, surtout depuis la dispute durant laquelle j'ai constaté quelle adversaire elle pouvait être) et elle m'a parlé de tout autre chose. Parce que Lorie est une très grande diseuse. Donc, comme c'est elle qui va évaluer mon stage, je l'écoute toujours avec passion. Question de stratégie. 
L'après-midi, j'ai mis environ 4 heures à remplir cette saloperie de feuille d'aide à la CPAM, genre à côté tes impôts combo ta Sécu combo Pôle Emploi, c'est une journée à Disney. 
Le soir, j'ai reçu un mail de ma référente de stage de l'année dernière, et j'avais envie de me jeter à ses pieds, de les embrasser et de lui dire que je l'aimais du plus profond de mon moi. 

Jeudi : le matin, j'ai déménagé une famille. Enfin.... par déménagé, entends "regardé des personnes porter des meubles et des cartons, pendant que tu fumes des clopes et papotes avec ta collègue". Parce que petit 1 "merde, c'est pas notre boulot de déménager, quoi, nous, on leur amène le camion c'est déjà ça !" et petit 2, c'est une famille d'Europe de l'Est et là-bas, Bobonne s'occupe des enfants et de la maison, mais sûrement pas d'un déménagement.  Et je soupçonne ma collègue d'adorer ce point de vue. 
L'après-midi, seul moment de ma semaine durant lequel j'ai eu le sentiment un tant soit peu de faire quelque chose. J'ai aidé une mamie africaine à remplir un questionnaire sur la mobilité et les transports comuns. Pendant 3 heures. 
...
N'empêche, on s'est bien marré, toutes les deux, ce qui a un tout petit peu égayé ma semaine. 


En fait, mon plus gros problème, c'est que les Gétrans, je ne les vois jamais. Ou si peu. Et qu'à la base, c'était quand même un peu la raison de ma venue dans ce stage. 

Donc, tu vois, je me suis battue comme une sauvage pour obtenir ce stage, et maintenant que j'y suis, je ne sais plus pourquoi je le voulais tant. 
Et apparemment, c'est assez nul de pas aimer ce stage-là. Parce qu'il est "trop génial" (pour ceux qui en ont fait l'expérience) ou trop convoité (pour mes exceptionnels camarades de classe qui veulent tous y aller l'année prochaine). Je suis, par déduction simple, assez nulle. 
Pardon.

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