samedi 17 septembre 2011

Au pays de Candy



Au détour d'une conversation avec Sista, j'ai pleinement pris conscience de plein de choses. Certes, il était très tard dans la nuit, de ces heures où tout te parait soudain très clair et où tu fais des envolées lyriques, mais je précise que l'alcool était absent de mes veines. 

Pourquoi avons-nous commencé à nous raconter des souvenirs d'enfance ? Il faudrait refaire le fil de la conversation et ça serait relativement chiant. Toujours est-il que Sista m'a fait cette remarque - remarque qui m'a probablement amenée à repartir de plus belle dans ma diatribe :

Sista : Ben tu vois, comme quoi, je connais pas tout de toi finalement. 


Scène 38, intérieur / nuit, dans un salon très enfumé, Sista et Princesse enchaînent les clopes comme les prostiputes enchaînent les pipes, chacune le cul calé au fond d'un canapé. 

Princesse : J'étais une enfant modèle, t'imagines juste pas à quel point. 

Sista : Moi, j'étais juste complètement tarée. Je courrais juste tout le temps. 

Tu noteras, à ce stade de la conversation, que le mot "juste" est un tic langagier extrêmement récurrent chez les 2 protagonistes. 

Sista : Le jour de la rentrée de CP, je me suis ramassée une fessée par le directeur de l'école, parce que je voulais pas me ranger. 

Princesse : T'as chouiné, j'imagine.

Sista : T'es ouf ou quoi ! Jamais de la vie, j'étais digne, attends. J'ai foutu la honte à toute ma famille quand elle a été convoquée, par contre.

Princesse : ...

Sista : ...

Princesse : Moi, j'aurai chouiné. 

Sista : Pouah ! Je t'aurai juste écrasée, j'aimais pas les chouineuses. 

Princesse : En CP, je suis allée 2 fois au coin. Une fois parce que je demandais à Marie-Astrid son effaceur, et cette pute faisait style elle m'entendait pas.

Sista : M'étonne pas de Marie-Astrid...

Princesse : Ah nan mais je les ai encore là, tu vois. Bon, je vais au coin en chouinant. L'injustice, quoi. La deuxième fois, c'était un type devant moi qui m'emmerdait depuis un bon quart d'heure, et comme j'étais juste une lèche-cul de première, j'ai fini par émettre un sonore "mais arrêteEEUUUHH". Le prof m'a envoyé au coin, j'ai chouiné. 

Sista : Et c'est tout ? Pas d'autres mises au coin de toute ton enfance. 

Princesse : T'es folle ? Jamais ! J'ai fini par avouer ces 2 punitions à mes parents, genre en seconde, pas avant. 

Sista : Heureusement que je suis arrivée dans ta vie, pour décoincer tout ça, quoi....

Je te le dis, sérieux, on est entre nous, et une fois n'est pas coutume, je vais être tigen : elle a raison. J'aurai juste préféré qu'elle déboule un peu avant la 3ème. 



Princesse : Je t'ai jamais raconté l'histoire de la bêtise de ma vie ?

Sista : Hein ?! Nan....

Princesse : Nan parce que bon, j'ai fait UNE connerie dans ma vie de gosse quoi. C'est tout. Jusque l'adolescence, j'étais juste parfaite quoi. Modélisée comme il fallait par une éducation très précise. 

Sista : C'est marrant, je trouve tes parents plutôt cools moi...

Princesse : T'as jamais entendu mon père faire sa grosse voix. 

Sista : Je m'incline. C'est terrible comme châtiment, les grosses voix. 

Princesse : Bon, j'étais chez mes grand-parents, j'avais genre 10 ans, pas plus et ma grand-mère me saoûlait. J'étais dans leur salon, à faire des mots croisés (notes les activités extra ludiques de ma jeunesse) et elle me parlait juste comme si j'avais 5 ans. Genre l'affront, pour un gosse de 10 quoi. Bref. Elle me saoûlait, mes grand-parents venaient de refaire leur tapisserie, j'ai pris le crayon papier et j'ai fait un trait sur le mur. 

Sista : Mais t'es pas bien toi. Un trait sur le mur... L'acte de rebellion quoi !! Attends, je m'en remets pas....

Princesse : J'étais COINCEE.

Sista : Quand même, c'est naze. T'aurais pu gueuler, faire une crise. Pas un trait de crayon sur une putain de tapisserie. 

Princesse : Immédiatement prise de remords face à cet acte délictueux, j'ai gommé le trait, et hop ni vu ni connu, ma connerie était effacée. Lendemain : coup de téléphone de la grand-mère qui me demande gentiment si je n'aurai pas, à tout hasard, fait un trait de crayon sur le mur. "Non", je réponds, sûre de mon coup. Elle me dit être drôlement étonnée parce qu'elle a trouvé des traces de gommes par terre, juste sous le coup de crayon qui reste visible à la lumière du jour. Des traces de gomme.....

Sista : Faut être con, quand même, pour laisser les bouts de gomme. 

Princesse : Ben ouais, j'étais novice dans l'acte de bêtise, j'ai pas pris tout les paramètres en compte. Sauf que me voilà bien coincée ; je viens de mentir à mémé, je ne peux pas revenir en arrière. L'enquête familiale s'est ouverte. 

Sista : Han lala.... tout ça pour un coup de crayon.

Princesse : Tout ça parce que tout le monde savait que ça pouvait qu'être moi la COUPABLE, et que moi, je pensais que personne ne savait. Tout le monde s'était foutu en tête de me faire cracher le morceau. J'ai tenu 3 semaines. 

Sista : Comment ils ont découvert ?

Princesse : Le soir où on devait décorer le sapin de Noël, j'ai suivi ma mère dans sa chambre pendant qu'elle rangeait du linge. Je la revois avec la bassine de linge dans les bras, me disant qu'elle préférerait apprendre maintenant que c'est moi la coupable, plutôt qu'apprendre un jour ou l'autre que je leur ai menti.

Ma mère est une grande manipulatrice, t'as vu. 

Princesse : Gargarisée par ce nouvel élément, je me jette à l'eau, et je lui dis, mais limite trop fière de moi quoi "ben c'est moi". J'entends encore le panier à linge tomber par terre. Elle s'est retournée lentement vers moi "pardon ?!" "C'est moi. C'est moi qui ai fait le coup de crayon". Là, ma mère a juste pété un câble, me hurlant qu'on pouvait pas me faire confiance, que le soir quand je rentrais de l'école à pieds, qui QUI lui garantissait que je rentrais bien à la maison directement (????? jamais compris le rapport...), que de toute façon, plus jamais de ma vie elle me ferait confiance etc.

Sista : Olalalalalala.... Elle a pété un boulon, Catoche !

Princesse : Mais grave. Moi, j'étais en train de faire tranquillement une crise de nerf sur le  palier et vas savoir pourquoi, je me projetais à 40 balais, avec des gosses et je me répétais en boucle "maman, elle, elle, elle aura toujours pas confiance en moooOAAAAAAA". Horrible. 

Remarques comme les enfants ont une capacité à tout prendre à la lettre, et comme ça peut dicter ta vie au final, parce que bon, encore aujourd'hui, c'est limite si je cherche toujours à prouver à ma mère que je suis quelqu'un de bien. Bon, ok, peut-être je fais des raccourcis de psychanalystes pourris. 

Princesse : Au final, j'ai décoré le sapin de Noël toute seule, ma mère s'étant enfermée dans la cuisine, et tout en mettant mes boules et mes guirlandes, je reniflais tant et plus, les yeux irrités comme l'anus après une gastro. Mon père en avait même perdu sa grosse voix, tu vois, et il me faisait des clins d'oeil, genre Maman n'est pas si fâchée que tu penses, ça va s'arranger. 

Sista : Ca s'est arrangé vite ?

Princesse : J'en sais foutre rien, Sista. Je me souviens juste de ça. 

Sista : ...

Princesse : ...

Je pourrai en mettre plein, des points de suspension, mais comme ça serait chiant, disons qu'il y a eu un petit silence plein de méditation tabagique. 

Princesse : En fait, ça a complètement conditionné ma vie, ce truc. Quelque part, je me dois d'être dans la norme, de n'être coupable d'aucune connerie, d'aucun délit. J'étais une petite princesse créée sur mesure, candide et parfaite. Ca a complètement conditionné ma vie. C'est peut-être pour ça que je suis une princesse innocente.

4 commentaires:

Sista yooooooo a dit…

J'ai kiffé sista !

Tant la discussion que l'article :)

Princesse a dit…

Il est vrai qu'on le ressent peu dans l'article, mais nous avons beaucoup de rires et de joies durant cette discussion.
Love sista yo sista gangstaaaaaaaaa

Anonyme a dit…

je pleure de rire ! pauv'imbécile !

Princesse a dit…

C'est çui qui dit qui est. Et PAF !